Club: Interview de Josip Skoblar, Ambassadeur de l'OM.

Voici la retranscription d'une interview de Josip Skoblar, conseiller technique de l'OM, rattaché à la cellule de recrutement. L'interview vient de FootMercato:

Foot Mercato : Vous êtes conseiller technique à l’Olympique de Marseille. En quoi cela consiste très exactement ?

Josip Skoblar : Je suis lié à la cellule de recrutement avec Jean-Philippe Durand. Après, je voyage, je regarde les matches, je suis les joueurs. On peut dire que je suis presque un ambassadeur de l’OM, présent dans toutes les réunions d’Europa League et de Champions’ League. Je suis moins là en championnat du fait des voyages, mais je suis là pour le club dans les compétitions européennes. Je représente le club dans les dîners, toutes les rencontres officielles entre les équipes. C’est un peu un rôle d’ambassadeur.

FM : L’OM est en quarts de finale de la Ligue des Champions, ce qui vous donne donc un peu plus de travail. Un parcours qui doit vous ravir...

JS : Ça me permet de représenter l’OM, de retrouver des joueurs de mon époque qui sont dans les clubs adverses. Bien sûr que ça fait plaisir de voir mon club qualifié pour les quarts de finale, c’est quand un même un gros évènement. Mais on est présent depuis plusieurs années en Coupe d’Europe, ça permet au club de vivre bien. Il y a de la continuité dans les résultats depuis quelques saisons, tant mieux. C’est vraiment un parcours exceptionnel du club, et comme je suis là, ça ne peut que me faire plaisir.

FM : Et si l’OM réalise son meilleur parcours depuis bien longtemps en Ligue des Champions, ce n’est pas le cas en championnat. Comment expliquez-vous les difficultés rencontrées par les Phocéens ?

JS : C’est très simple selon moi, même si ce n’est peut-être pas l’avis des autres. On n’a tout simplement pas l’effectif pour avoir de la continuité dans les résultats. On a une équipe qui peut être là dans les grands évènements, mais pas pour suivre sur toute une saison, on le voit bien en championnat. Pour moi, c’est très simple. Mais il ne faut pas se prendre la tête, c’est aussi ça le football. On a connu du bonheur ces derniers temps, il y a une année sans. C’est le football. Il y a de la réussite, de la chance, qu’on n’a pas en championnat. C’est une déception, la Coupe de France aussi. Mais ce sont des accidents qui arrivent à tous les clubs. C’est normal, enfin presque normal.

FM : Vous parlez de l’effectif. Quels joueurs vous plaisent ou, au contraire, vous déçoivent ?

JS : Il n’y a pas de joueurs qui me déçoivent vraiment. Il y a 11 joueurs, les remplaçants aussi. C’est évident que si des joueurs de qualité comme Rémy, Valbuena, Cheyrou, André Ayew nous manquent, ça se voit tout de suite dans les résultats et l’équipe ne tourne pas comme il faut. On a un effectif qui ne peut pas se permettre d’avoir des absents. Pareil pour Mandanda ou Amalfitano. Ils doivent porter l’équipe sur leur dos. Certains clubs peuvent se permettre d’avoir des absents, ce n’est pas notre cas.

FM : En tant qu’ancien grand buteur, quel regard portez-vous sur Rémy et Gignac, deux joueurs aux trajectoires radicalement opposées ?

JS : Et bien Loïc, c’est vraiment un bonheur de l’avoir avec nous. Pour moi, c’est l’un des meilleurs attaquants du championnat de France avec Giroud, ce sont les deux meilleurs, j’ai beaucoup de respect pour eux. J’aimerais bien voir Giroud chez nous, mais ça c’est un autre débat. Et Gignac, il déçoit tout le monde oui. Mais depuis son arrivée, il a pratiquement été tout le temps blessé. On ne peut pas dire avec certitude que c’est un recrutement raté. Il n’a pas encore prouvé qu’on avait bien fait de l’engager pour l’instant, c’est sûr. Mais pour l’instant seulement, peut-être qu’on se trompe. C’est sûr qu’on n’a pas encore vu le Gignac de Toulouse. Avec son physique, s’il n’enchaîne pas, il ne peut pas trouver sa forme. C’est important pour un attaquant, moi j’ai eu la chance de n’avoir pratiquement jamais été blessé durant ma carrière. J’espère qu’il retrouvera une bonne santé, sa forme, et qu’on reverra le Gignac de sa grande saison avec Toulouse.

FM : Et que pensez-vous de Brandão, dont le retour est plutôt satisfaisant ?

JS : C’est un joueur qui fait son boulot. Il joue avec ses qualités, c’est à dire qu’il n’est pas Ronaldo ! Mais il fait ce qu’il sait faire, et c’est sa grande force. Dans les moments difficiles, il est là. Ce n’est pas un buteur, mais les buts qu’il met sont importants pour lui et pour le club.

FM : Par le passé, vous auriez proposé Vidic et Modric à l’OM. Qu’en est-il exactement ?

JS : C’est difficile de résumer ça comme ça. Tout le monde propose des joueurs. C’est donc toujours compliqué de faire des choix. On ne peut pas dire que j’ai proposé ces joueurs et que le club a refusé. Le travail d’une cellule de recrutement, c’est très complexe. Il y a beaucoup de monde, chacun voit les choses de manière différente. Et puis des clubs vont plus vite aussi. Il y a aussi des choix techniques, les moyens financiers. Ce n’est pas que le club ne voulait pas de Modric, mais des circonstances décident de ces choix. Et puis, pour parler de Modric, il faut dire que tous les joueurs croates ou presque jouent en Allemagne ou en Angleterre. Les possibilités financières sont beaucoup plus intéressantes par rapport à la France, pour tout ce qui concerne les impôts. L’Angleterre, c’est l’Eldorado, l’Allemagne aussi. Les joueurs préfèrent aller là-bas qu’aller en France. Et puis on voit que par rapport à l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et même le Portugal, on a du mal en Ligue des Champions. C’est dur de s’aligner par rapport aux autres clubs. Et puis les joueurs veulent gagner des titres, jouer les compétitions européennes, et ça aussi c’est difficile pour les clubs français.

FM : Êtes-vous séduit par des joueurs évoluant actuellement en Croatie ou en Serbie, comme notamment Milan Badelj ?

JS : Oui, c’est un joueur qu’on connait en France. L’OL et nous-mêmes l’avons suivi. À un moment donné, je pensais même que c’était fait avec l’OL. On était moins intéressé. Depuis, le joueur a un peu perdu de sa forme. Il cherche à retrouver son meilleur niveau, c’est un joueur intéressant pour l’équipe nationale. On a moins de vue sur lui, l’intérêt est moins grand. Il cherche à s’imposer de nouveau et je le lui souhaite, car c’est un joueur très talentueux. Mais il faut dire aussi que le championnat croate n’est pas d’une qualité exceptionnelle, il est très loin du championnat français.

FM : Vous parliez d’Olivier Giroud. Êtes-vous sous le charme d’autres joueurs de Ligue 1 ?

JS : J’aime bien Guillaume Hoarau. Il a été longtemps absent sur blessure. C’est compliqué à Paris, car il y a beaucoup d’individualités, et chacun joue de son côté. C’est difficile pour un avant-centre de jouer dans ces conditions. Même s’il ne marque pas énormément, j’aime son attitude, ses capacités techniques. Il me plait beaucoup. Je le compare à Giroud, ils ont un jeu de tête magnifique. Giroud est gaucher, Hoarau a les deux pieds. Mais l’âge joue pour Giroud, c’est l’avenir ce joueur. Il a beaucoup de qualités, ça sera difficile pour un club français de se pencher sur lui, car il pourra choisir de grands clubs. C’est le problème du championnat de France. On a beaucoup de qualité, mais on perd les joueurs parce qu’on ne peut pas se mettre en concurrence avec les écuries européennes.